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Symbolique et titulature
de la royauté française

La Fleur de Lys

S'il est un symbole qui évoque le mieux la royauté française, c'est bien la fleur de lys (on peut orthographier "lys" ou "lis"). La république en a abandonné l'usage car elle était trop associée à la royauté. Elle était arborée par nos rois mais aussi par les princes de la dynastie, à l'exception des branches les plus cadettes (première branche de Bourgogne, Courtenay, Dreux). D'ailleurs, les princes capétiens étaient souvent appelés les "princes des fleurs de lys".

Comment cette fleur stylisée est-elle devenue l'emblème des rois de France ?

Il existe de multiples explications ou légendes quant à l'origine de l'usage de la fleur de lys en France. On a notamment voulu faire remonter sa première utilisation à Clovis Ier. En fait, la fleur de lys comme meuble héraldique fait son apparition dans les armoiries royales au XIIème siècle. Elle était cependant utilisée dès l'époque carolingienne comme ornement des couronnes et des sceptres royaux (au moins depuis Charles II le Chauve).

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Sur cette enluminure carolingienne représentant Charles II le Chauve (à gauche) et sur ce sceau de Robert II le Pieux (à droite), on voit que les couronnes royales étaient déjà dotées de fleurons en forme de fleurs de lys.

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Les armes de France

Il semble que les armes royales de France (fleurs de lys jaunes sur fond bleu) remontent à Louis VII : l'écu royal était "d'azur semé de fleurs de lys d'or", c'est-à-dire que le nombre de fleurs était indéterminé.

Le nombre de fleurs de lys dans les armes royales est réduit à trois dès Charles V, de façon occasionnelle et, de façon définitive depuis Charles VI. On a dit que c'était pour signifier la Sainte Trinité ou les trois vertus théologales (Foi, Espérance, Charité). Il semble que la raison de la réduction du nombre de fleurs fut en fait plutôt d'ordre pratique : il était plus facile de graver sur de petits objets (pièces de monnaie, boutons,...) trois fleurs de lis au lieu d'un nombre plus important, les armoiries sur les sceaux étaient aussi plus lisibles.

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A gauche : les anciennes armes de France, dites "France ancien" (d'azur semé de fleurs de lys d'or)

A droite : les armes de France utilisées depuis Charles VI, dites "France moderne" (d'azur à trois fleurs de lys d'or)

La fleur de lys représente-t-elle un lis ?

Quand on compare la fleur-de-lys à un lis naturel, on constate que les deux ne se ressemblent guère. En fait la fleur de lys ressemble davantage à un iris. Deux hypothèses peuvent donc être avancées :

  • soit la fleur-de-lys est bien un lis mais tellement stylisé que sa représentation s'est éloignée du modèle d'origine

  • soit il s'agit vraiment d'un iris.

Les deux hypothèses tiennent toutes deux la route. Si on admet la deuxième, comment expliquer que l'iris soit devenu fleur de lys ? Voici trois pistes (la première a ma préférence) :

  • La fleur de lys pourrait tenir son nom de la rivière Lys (ou Leie) qui coule en Belgique et dans le nord de la France. On sait que les Francs s'étaient établis dans cette région. Or, sur les berges de cette rivière poussent des iris jaunes : les iris jaunes seraient donc les fleurs de la Lys, d'où la "fleur de lys".

  • En allemand médiéval, le mot liesch ou lies désignait l'iris jaune.

  • Les mots fleur de lys pourraient être une altération de l'expression "fleur de Louis" (en prononçant le "s" final) qui désignerait l'iris, fleur qui aurait été choisie par Louis VII comme emblème.

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A gauche : un lis (ou lys) blanc

A droite : un iris jaune des marais

La symbolique religieuse du lis

Peu importe que la fleur de lys doive son dessin à l'iris ou au lis. Elle est considérée comme un lis depuis si longtemps qu'elle est définitivement associée au symbolisme du lis. Cette fleur est citée à plusieurs reprises dans la Bible.

Le lis symbolise la pureté, l'innocence, la virginité. Il est souvent associé à la Très Sainte Vierge Marie dans les représentations picturales. Nos rois ont ainsi pris comme emblème une fleur à la symbolique religieuse forte alors que d'autres souverains adoptaient comme armes des prédateurs tels que le lion ou l'aigle.

L'Annonciation,

par Francesco Salviati (XVIème siècle)

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Le lis symbolise le fait que Marie est vierge et sans péché.

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Voici deux extraits tirés de la Sainte Bible :

 

"Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées. Comme le lis entre les chardons, telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes." (Cantique des cantiques 2, 1-2)

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"Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Observez les lis des champs, comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Que si Dieu habille de la sorte l'herbe des champs, qui est aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi !" (St Matthieu 6, 28-30)

Représentation de la fleur de lys

La fleur de lys peut être représentée de plusieurs façons, selon les lieux et les époques. On peut cependant dégager des constantes :

  • Elle est composée de trois pétales : le pétale central est accompagné à gauche et à droite de deux pétales moins hauts et courbés. Les trois pétales peuvent être accolés à leur base ou clairement séparés. Ils sont parfois nervurés.

  • Les trois pétales sont comme liés par une barrette horizontale, appelée aussi traverse, ou douille.

  • Sous la traverse se trouvent le bas des pétales, qui constituent le pied. Le pied peut être constitué par le prolongement des trois pétales ou être d'un tenant, dans le prolongement du pétale central, et généralement trilobe.

Les différentes parties de la fleur de lys

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A gauche : miniature représentant Charles VI en manteau de sacre

A droite : fleur de lys des grilles du château de Versailles

On remarque que les fleurs de lys y sont très différentes

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 La fleur de lys utilisée de nos jours en France nous vient du Moyen Age. Elle est dotée d'un pied trilobe

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Cette autre fleur de lys a un pied constitué par le prolongement des trois pétales

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 Cette fleur de lys en relief présente une nervure centrale (axe de symétrie) et des pétales accolés

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Armes de la ville de Lille

La feur de lys
Sa Majesté Très Chrétenne

Page publiée le 29 août 2021

Sa Majesté Très Chrétienne, Fils Aîné de l'Eglise

En matière de diplomatie ou de protocole, il est d'usage de faire précéder le nom d'un roi ou d'un empereur du prédicat "Sa Majesté". En France, le roi était qualifié de "Sa Majesté Très Chrétienne" (en abrégé : S.M.T.C.). Voyons d'où viennent ces termes.

Sa Majesté

L'appellation "Sa Majesté" est utilisée dès le règne de François Ier, en remplacement des termes "le roi nostre sire". Ce titre était auparavant utilisé uniquement par les souverains du Saint Empire Romain Germanique. Rappelons que François Ier avait été candidat à la Couronne du Saint Empire mais qu'il a été devancé par Charles Quint. L'utilisation de ce prédicat en France signifie bien que "le roi de France est empereur en son royaume". Cette formule est due à un juriste du règne de Saint-Louis, Jean de Blanot, qui avait écrit dans son ouvrage Libellus super titulo Institutionum de actionibus (1256) : « Le roi de France est empereur dans son royaume, car il ne se reconnaît pas de supérieur en matière temporelle » (traduction du latin).

Roi Très Chrétien

Le qualificatif de "très chrétien" (christianissimus) était d'abord un titre diplomatique utilisé par les papes pour qualifier les souverains ou autres grands personnages auxquels ils s'adressaient. Mais à partir du XIVème siècle, ce titre n'est plus utilisé que pour le roi de France, notamment depuis Charles V (1364-1380). Louis XI est le premier à être qualifié de Roi Très Chrétien par les papes durant tout son règne. Sous François Ier, avec l'usage du terme de "majesté", le roi de France devient Sa Majesté Très Chrétienne (S.M.T.C.). La reine de France a droit au même titre. Cette appellation durera jusqu'à la fin de la royauté légitime (1830). L'exclusivité du titre "Très Chrétien" accordé au roi de France fera que, même auprès des cours étrangères, le titre de Roi Très Chrétien suffira à qualifier notre souverain, sans avoir besoin de préciser qu'il s'agit du roi de France.

Le Roi de France, Fils Aîné de l'Eglise

La qualification de "Fils aîné de l'Eglise" portée par le Roi de France vient du fait qu'il est un successeur de Clovis Ier qui s'est fait baptiser vers 496. Clovis était ainsi devenu le premier roi barbare à devenir catholique (d'autres avant lui sont devenus chrétiens, mais de l'hérésie arienne). En fait, d'autres souverains ont précédé ce glorieux mérovingien : le roi d'Arménie a été baptisé en 301, et le roi d'Ethiopie vers 330. Mais ces royaumes se sont séparés de l'église catholique après le concile de Chalcédoine (451). Un autre état, et pas le moindre, a adhéré à la foi chrétienne en 380 : l'Empire Romain, par l'édit de Thessalonique publié par l'empereur Théodose Ier. Mais, au moment du baptême de Clovis, l'Empire Romain d'Occident n'existe plus depuis 476. Quant à l'Empire Romain d'Orient, il va s'éloigner petit à petit de l'Eglise de Rome (grand schisme d'Orient en 1054, puis sac de Constantinople en 1204). C'est ainsi que la France va devenir le plus ancien royaume catholique.

Le Roi de France n'a pas été appelé "Fils aîné de l'Eglise" dès les premiers temps mais il en aurait mérité le titre tant il a été un soutien de la papauté. Ainsi, c'est à Pépin le Bref que l'on doit la fondation des Etats Pontificaux au VIIIème siècle. En 1239, le pape Grégoire IX écrivait au roi Saint-Louis IX : "Nos prédécesseurs, les Pontifes romains, considérant la suite non interrompue de louables services, ont, dans leurs besoins pressants, recouru continuellement à la France ; la France, persuadée qu'il s'agissait non de la cause d'un homme mais de Dieu, n'a jamais refusé le secours demandé ; bien plus, prévenant la demande, on l'a vue venir d'elle-même prêter le secours de sa puissance à l'Église en détresse. Aussi, nous est-il manifeste que le Rédempteur a choisi le béni Royaume de France comme l'exécuteur spécial de Ses divines volontés". Mais il faut attendre 1495 pour voir apparaître l'appellation "fils aîné" dans la bouche du pape Alexandre VI, s'adressant au roi Charles VIII. Par la suite, pratiquement tous les rois de France se qualifieront de "fils aîné de l'Eglise".

Notons que l'honneur de ce titre, grâce à la dévotion de nos rois, s'est étendu à tout le royaume et que, même actuellement, la France est qualifiée de "Fille aînée de l'Eglise" par les papes.

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